samedi 15 juin 2013

Warm Bodies, par Isaac Marion



R (il ne se souvient pas de son nom, sauf que cela doit commencer par un R) est un zombie. Il passe son temps a glander dans son avion ou il réside a l’aéroport qu’occupe sa horde, grogner avec son pote M, et quand ils ont faim, monter un groupe pour aller en ville manger de la chair fraîche, surtout des cerveaux qui leur font vivre des flash mémorielles de leur victime. Et lors d’un de ces raid, il rencontre l’ex du porteur de cerveau qu’il vient de dévorer, et il en tombe amoureux. Il la déguise rapidement en zombie, et la ramène avec lui.

"No one I know has any specific memories. Just a vague, vestigial knowledge of a world long gone. Faint impressions of past lives that linger like phantom limbs. We recognize civilization - buildings, cars, a general overview - but we have no personal role in it. No history. We are just here. We do what we do, time passes, and no one asks questions. But like I've said, it's not so bad. We may appear mindless, but we aren't. The rusty cogs of cogency still spin, just geared down and down till the outer motion is barely visible. We grunt and groan, we shrug and nod, and sometimes a few words slip out. It's not that different from before."


J’avais vu la bande annonce du film tiré de ce roman. Une bande annonce sympathique, mais que je suspectais de contenir l’essentiel des bons moments du film. Je ne peux pas confirmer ou infirmer cela, mais en tout cas à la voir, l’adaptation semble être extrêmement fidèle - bien que j’ai un doute que certaines scènes soient retranscrites, comme quand les zombies essayent de faire du sexe entre eux. Parfois, le livre est assez crade/ gore.

Mais au fond, c’est surtout.. mignon.. Le livre est parfois catégorisé comme « Romance zombie », et c’est pas faux. De la romance pour adulte, mais romance quand même. C’est plutôt agréable, et avec pas mal d’humour, notamment pour la description de la « société » des zombies, un peu de mystère, quelques descriptions saisissantes (notamment la ville des humains a l’intérieur d’un stade).

Au final, ça se lit facilement, j’ai trouvé cela plutôt bien écrit, sans lourdeur, et si on peut sans doute critiquer certains points (le personnage de Julie est parfois un peu limite notamment), c’est plaisant et prenant, parfois drôle, parfois horrible, et avec un petit peu de réflexion sur la marge parfois mince entre les vivants et les non-morts...

dimanche 9 juin 2013

Embedded par Dan Abnett




300 ans dans le futur, la guerre froide continue toujours, peut-être un plus froide parce que répartie sur une centaine de planètes, mais toujours présente malgré tout. Lex Falks est un journaliste réputé et désabusé, envoyé sur la planète 86 (ce qui est soit un jeu de mot, 86 voulait dire jeté car inutile, ou une référence à une année charnière de la guerre froide dans la réalité) pour servir de relais malgré lui à la propagande du complexe militaro-corporatiste des USAs. Mais quand les rumeurs de rebellions enflent, et que cela nuit aux intérêts de la principale corporation sur la planète, celle-ci décide le mandater pour montrer que ce n’est pas eux, les méchants. Ils lui proposent de l’implanter dans l’esprit d’un des soldats envoyé en patrouille : il verra par ses yeux, sans pouvoir cependant communiquer avec lui. Les détails techniques sont largement passés sous silence, mais c’est une opportunité unique. Il accepte, et bien entendu, tout se complique que cela soit la situation interne ou externe.

...It’s a giant rolling ball of shit coming downhill and sweeping everything up. And that giant rolling ball of shit’s called history, and we were standing in its fucking way.

J’ai pris ce livre par collectionnite : j’aime bien Dan Abnett (en tant qu’auteur de romans dans l’univers de Warhammer 40000), donc je vois un livre de lui, je le lis. Pour tout dire, j’ai commencé ce livre par ce que je n’en avais pas d’autre en stock et j’étais même plutôt réticent, comme si je ne le pensais pas capable de faire un pur roman de SF qui ne soit pas inspiré du jeu de figurines.

Et j’avais bien tort. Et j’aurai du m’en douter, car en fait, en y réfléchissant à posteriori, déjà dans son œuvre Warhammer 40000, on peut observer une évolution, notamment à partir d’Only in death, qui se détache des poncifs du jeu (même si j’aime cela aussi) pour gagner plus de « valeur » intrinsèque.

Et c’est confirmé par ce livre, qui est un excellent roman, et pas uniquement de la mil-scifi. On y retrouve les scènes de combat viscéral d’Abnett, qui grandissent en qualité de ne pas baigner dans le « Toujours plus» propre au 40eme millénaire, mais associé à des personnages intéressants, et des situations complexes. On peut aussi voir dans ce livre des réflexions et des critiques sur les liens média, entreprises, et armée, en rapports le début de ce siècle, de la même façon que Starship troopers ou Forever War étaient aussi en lien avec leur époque.

Au niveau des critiques, le début est peut-être un peu lent, pour ma part, j’ai trouvé cela comme une mise en place nécessaire et pas désagréable. La révélation finale n’est qu’à moitié surprenante, mais ce n’est pas vraiment le point d’intérêt central du livre, de toute façon.

Pour conclure, ce livre est une très bonne surprise, et j’espère qu’Abnett va continuer à voler de ses propres ailes, car si Triumff était déjà intéressant, Embedded est vraiment une réussite.

vendredi 7 juin 2013

Wool Omnibus par Hugh Howey



Dans un immense silo souterrain de 150 étages, autour d’une escalier en spirale (et pas d’ascenseur) vit une société hiérarchisée, pour ne pas dire stratifiée en bas, les mécaniciens / mineurs, plus haut, les fermiers, le département informatique, les crèches, jusqu’au bureau du shérif, tout en haut, avec sa sortie sur l’extérieur qui permet d’expulser les criminels dans un monde toxique et inhabitable (avec une combinaison leur assurant quelques minutes de survie, le temps de nettoyer la caméra qui permet au gens de l’intérieur de voir leur environ) . Mais cet univers qui semble immuable cache ses secrets : est ce que vraiment tout est mort dehors ? L’histoire enseignée est elle véridique ?

Ce livre est souvent considéré comme le pendant SF à 50 nuances de gris, non qu’il y ait du sexe dedans, bien au contraire, mais plutôt parce que c’est aussi un livre auto-édité qui devint un grand succès. N’ayant pas lu le roman SM (c’est la que je me dis que je vieillis : ma libido n’est plus un facteur de choix de lecture), je ne m’attarderai pas sur la comparaison entre ces deux ouvrages, les thèmes me semblant bien différent, et celui qui lirait l’un en le prenant pour l’autre serait surement très déçu.

Au départ, j’ai trouvé que l’histoire se répétait un peu. Les trois premiers chapitres (ici appelé livres) m’ont parus un peu trop semblables dans leur structure, avant que je réalise que c’est en fait une pyramide inversée : chaque chapitre se construit sur le précédent pour nous faire découvrir davantage le monde et notamment la société étrange du silo, avec par exemple sa loterie ou après chaque décès une loterie a lieu pour donner le droit a un couple d'avoir un enfant.

Il faut savoir que Wool a commencé comme une suite de novellas, qui ont été réunis en un volume, suite à leur succès. Mais on n’a pas affaire ici a un ramassage de fond de tiroirs pour sortir une anthologie, les nouvelles se suivent et racontent une histoire totalement cohérentes : Wool est un vrai roman.

Un roman correctement écrit, avec du mystère, des dangers, des révélations, des personnages attachants, un sens du récit certain de la part de son auteur (un peu gâché par une histoire d'amour pas vraiment réussi), Pas forcément de la grande littérature, mais un très bon divertissement.

mardi 4 juin 2013

Triumff: Her Majesty's Hero, par Dan Abnett


Triumff: Her Majesty's Hero
En l'an de grâce 2010, sous le règne d'Élisabeth XXX (oui, 30), Triumff est revenu d'une exploration qui lui a permis de découvrir l'Australie. Cependant, il retarde le moment de faire son rapport officiel, ce qui ouvrirait ce continent a l'exploitation par l'Unité Anglo-Hispanique. Mais lorsque le magie de Londres devient perturbé à la suite d’un sacrifice sanglant, il doit agir en sous-main pour sauver le Royaume.

J’ai eu du mal avec ce livre, comme j’ai toujours du mal avec les auteurs anglophones qui écrivent en anglais vieilli, notamment pour faire du swashbuckling, aka cape et d’épées, voir aussi Brust et sa Phoenix Guard (bien que dans son cas, je dois dire aussi que la lecture de son inspiration (les 3 mousquetaires) n’est pas non plus toute simple). J’ai failli abandonner le livre pour cela, et aussi parce que l’auteur essaye parfois un peu trop de faire drôle.

"Eastwhooho’s words crackled softly like burning leaves.

“This is a Fulke and Seddon all-steel ten-shot pinfire harmonica pistol,” he said, “the most powerful handgun in the Unity. From here, it could take your balls clean off.”
“Is there any way I could get out of this without bleeding profusely?”
“Shhhhh!” rasped Eastwoodho in annoyance. “I haven’t finished. Now, do you feel opportune, punk?”


Mais bon, au fur et à mesure, il m’a fallu de moins en moins d’effort pour suivre. L’intrigue prend le dessus sur les effets d’écritures, l’humour est de meilleur niveau (ou je m’y suis habitué ?) et si on peut reprocher un traitement un peu trop superficiel des personnages, ainsi qu'un univers très succinctement évoqué, le dernier tiers du livre est très prenant.

En conclusion, après un début pour moi laborieux, on a au final une belle aventure pleine d’humour. J’aimais bien Abnett pour ses romans Warhammer 40K (notamment Ghost’s Gaunt), la c’est un autre genre, et c’est très correct.

dimanche 2 juin 2013

Nekropolis, par Tim Waggoner



Après avoir lu un Nekropolis qui ne contient pas de zombies (mais qui valait largement le coup), voici donc un Nekropolis qui respecte son titre.

A commencer par le personnage principal et narrateur, Matt Richter : policier a Philadelphie, en suivant la piste d'un tueur en série étrange, il s'est retrouvé à Nekropolis, une ville dans une dimension parallèle ou se sont enfuis tout les démons, vampires, changeurs de forme et autres sorciers devant l'inexorable progression des humains. En concluant son enquête, il s'est retrouvé zombifié, mais a conservé son intelligence, et n'est pas tenu de manger des cerveaux ou quoique ce soit d'ailleurs.

Depuis, il vivote (zombote ?) en rendant des services a droite à gauche. Cela lui permet notamment de payer un prêtre vaudou pour lancer les sorts qui l'empêchent de se décomposer.

Ses aventures se déroulent donc dans Nekropolis, un ville située dans une dimension d'obscurité . La ville (dont on ne sort pas, sauf quelques portails en lien avec la Terre) est découpé en cinq quartiers, chacun appartenant à un seigneur des ténèbres spécifiques, et regroupant principalement une "espèce" de monstre : les vampires, les morts vivants, les changeurs de formes, les démons , et pour finir les sorciers et magiciens. Au milieu se trouve l'ile de Dis, autrement dit Hadès, créateur de la ville, et l’être le plus puissant du coin. Sa plus grosse responsabilité étant de maintenir l'ersatz de soleil qui assure un éclairage permanent et crépusculaire.

Dans le premier volume, Matt doit venir en aide a une demie-vampire, gardienne de la collection privée d’artefacts de son père (Le Seigneur Sombre (Dark Lord) des vampires, accessoirement). Un objet mystique y a en effet disparu. L’enquête de Matt le conduira sur la piste d’une drogue nouvelle, capable d’affecter même les vampires, et lui fera visiter les lieux les plus secrets et les plus importants de la ville.

Dans le livre suivant, Dead Streets, Matt est décapité, puis accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Ce qui va le conduire d’abord dans la prison de Nekropolis, ou il croisera d’anciens ennemis.

- What do you call a zombie in jail ?
- I dont know, Rondo. What?
Thick lips pulled back from large yellowed teeth as he smiled.
- My bitch
He raised those giant hands of his and started toward me.

Enfin, dans le troisième volume (à ce jour) Dark War, après un passage d’un intérêt moyen dans une dimension parallèle, Matt doit intervenir pour que les conflits larvés entre seigneurs sombres ne se transforment pas en guerre civile dévastatrice.

On a affaire ici a un mélange d’Urban Fantasy et de Noir. On est quand même nettement moins dans la caricature du roman policier que dans le Garrett de Glenn Cook. Faut dire que le fait qu'un zombie ne peut pas boire de l'alcool, ça gène un peu pour en faire un privé classique.

La ou par contre l’auteur se lâche, c’est sur l’incroyable ménagerie qui vit dans cette cité des monstres. Entre le tenancier de bordel qui change de genre à volonté (et ses employés valent le détour aussi), Fade, qui disparaît si personne ne la remarque, et s’est donc arrangé pour devenir journaliste de tabloïd pour être toujours la ou il y a du monde, Lazlo, le démon chauffeur d’un taxi très spécial, des cyber-vampires, les téléphones cellulaires semi-organique (invention du Docteur Frankenstein, avec une vraie bouche et une vraie oreille) et j'en passe et des meilleurs. La série est toujours a la lisière de sombrer dans le grotesque ridicule, mais l'évite globalement.

N'oublions pas la ville elle même, qui sans avoir d'incarnation (ce n'est pas Sigil), est un fascinant personnage.

( pour rester dans les rapprochements avec le jeu de rôle, J'ai eu a la lecture des remontées de Bloodshadows, le jeu de rôle de West End Games se déroulant dans un mélange noir (année 30) et fantasy (multiples races, guerre divine et en arriére plan, monde sauvage ou on ne vas presque pas))

En tant que fan des mélanges Noir-(Urban) Fantasy j'ai bien aimé cette série : ce n'est pas de la grande littérature, mais c'est divertissant, les intrigues se tiennent a peu prés, et l'univers est original et distrayant.