mercredi 2 juillet 2014

The Southern Vampire Mysteries ( aka True Blood), par Charlaine Harrie




Une envie soudaine (peut-être déclenchée par l'arrivée de la septiéme et dernière saison de True Blood) m'a poussé à lire l'intégralité de The Southern Vampire Mysteries, les romans à l'inspiration de la série. J’avais déjà les 5 premiers livres depuis bien longtemps, mais le déclic de lecture ne s’était pas produit.
L’intégralité des aventures et amours de Sookie Stackhouse, cela fait donc 13 romans, une douzaine de nouvelles, et un recueil d'adieux aux personnages (j'y reviendrai). Une œuvre conséquente, mais qui se lit assez vite et facilement.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Sookie Stackhouse est une serveuse, dans un coin perdu du nord de la Louisiane. Elle a comme particularité d’être un peu télépathe, ce qui lui complique nettement ses relations, notamment amoureuses. Ces dernières sont en fait du coup inexistantes, jusqu’au jour où elle découvre qu’elle ne peut pas lire dans l’esprit des vampires : ceux-ci se sont révélés a l’humanité depuis que l’invention d’un sang artificiel leur évite d’utilise les humains comme bétail – comme objet de plaisirs (partagés), c’est autre chose. Toujours caché des hommes, il y a aussi des changes-formes, loup-garou, êtres féériques. Pendant donc une douzaine de volumes, Sookie va découvrir l’amour, la déception amoureuse, les différentes sociétés des espèces surnaturelles, tout cela assisté de ses amis, famille, et connaissances.
C’est un cycle ou chacun peut trouver son intérêt : romance, mystères, intrigues, personnages attachants...
Il est inévitable de procéder à une comparaison avec la série télévisé :
- les deux ou trois premiers volumes sont très proches des deux ou trois premières saisons, cependant, par la suite, les intrigues sont totalement différentes. Sui le traitement des amours de Sookie occupe a peu près la même place, la série est plus axé sur les rapports humains-surnaturels (plus politiques presque), alors que les livres sont centrés principalement sur les rapports entre espèces surnaturelles et leurs sociétés).
- l'héroïne des livres est nettement moins énervante que celle jouée par Anna Paquin, c'est sans doute en grande partie induit par le fait que c'est elle qui raconte, à la première personne, ce qui induit forcément une plus grande proximité entre le personnage et son lecteur/spectateur. Elle semble aussi plus intelligente, aidée en cela par un bon nombre de passages ou elle présente des déductions, donnant ainsi parfois des explications à certaines de ces actions passées qui ont pu sembler étranges. L'exemple typique étant que quand elle résout un mystère, l'auteur l'écrit de tel façon que l'exposé par Sookie de ses déductions est une surprise autant pour ses interlocuteurs que pour le lecteur (en tout cas, un lecteur comme moi, qui se laisse emporter par le flot d'un bon livre sans chercher à trop deviner ce qui va passer au chapitre suivant).
Comme j’ai pris trois semaines pour envoyer cette critique, je peux confirmer que la Sooki de la série de HBO m’insupporte, alors que je n’ai pas du tout le même ressenti pour celle des romans.
- comme l’intrigue, les autres personnages sont au départ assez semblable entre les deux versions, mais leurs évolutions par contre sont parfois extrêmement différentes. Il y a aussi quelques nouveaux personnages, notamment l’attachante Amélia la jeune sorcière.
- pour ce qui est des descriptions, ma tendance naturelle à survoler les passages descriptifs et la véracité du cliché « une image vaut 1000 mots » font que ma représentation mentale était celle de la série, sans aucune dissonance, saut peut-être pour Tara.
- en ce qui concerne la violence et le sexe, il n’est là aussi pas vraiment possible de comparer les impacts d’images et de mots : j’aurai cependant tendance à penser que la série est plus gore.
Mais il serait temps de parler de l’œuvre littéraire, plutôt que son adaptation.
Tout la série se lit bien, sans vraiment de moments creux. Il y a de l’humour, le style est direct, la narration par Sookie facilitant comme déjà dit l’immersion du lecteur. Le monde, les personnages évoluent, jusqu’au 13eme et dernier volume. Pour l’anecdote, le choix du compagnon de vie final de Sookie a entraîné une grande insatisfaction chez certains fans : à l’heure où j’écris ces lignes, il y a environ 1200 critiques a une étoile (soit 100 de plus que de notes maximales) sur Amazon décriant la résolution des amours de l’héroïne : pour ma part, je n’ai pas d’avis sur la question, à part me demander ce que va faire HBO.
J’ai apprécié la découverte progressive du monde surnaturel, même si, notamment par rapport à la série très implantée dans le contexte humain (ce n’est pas pour rien que certains en font une métaphore sur la condition homosexuelle dans la société), j’ai un peu regretté un cloisonnement fort entre le monde humain, et celui des vampires, changeurs de formes, et autres sorcières. Mais cela, c’est une préférence personnelle pour les scénarios de type « Et si c’était vrai, que se passerait il pour nos sociétés ? ».
Après, je ne reviendrai pas sur chaque volume individuellement – il aurait fallu que je suis plus organisé et prenne des notes - mais la structure est de mémoire assez identique pour chaque : quelque chose dans le voisinage se produit, ou un ami de Sookie a un souci, et celle-ci doit résoudre le problème tout en gérant sa vie amoureuse complexe, bien que monogame (le compagnon change juste de temps en temps). Le côté romance est présent, mais n’est pas primordial (enfin, selon moi.. vu les réactions des fans, je suis peut-être passé à côté..). En fait, pour moi, c’est du thriller surnaturel, plutôt léger dans la forme, mais avec un fond parfois sanglant (sans jeu de mot). Et pas mal de romance, même si ce n’est pas du Harlequin avec des crocs et de la fourrure....
Un petit mot sur After Dead : un dictionnaire de tous les personnages (ou presque), des plus mineurs aux plus importants qui vient en ultime clôture de la série, sans en faire partie.. Cela permet de dire adieu aux individus qu'on a fréquentés pendant 13 livres, l’auteur nous décrivant (rapidement) se qui se passe pour chacun d'eux après la fin de la série de livres.
J’ai cru apercevoir entre les lignes des "private jokes" et du "fan service", et ça forme une sorte de puzzle pour nous donner une vision globale du monde "d'après". C'est court, mais amusant : j'imagine aussi que cela peut aussi nourrir la frustration de ne pas voir les événements décrits plus amplement racontés. D’ailleurs, en repassant sur Amazon.com, je vois que les critiques sont a 90% ultra-négatives, et qu’au contraire de ma perception la plupart l’accusent de continuer a se moquer, de voir de mépriser ses lecteurs-fans. Il semblerait pour reprendre William Congreve (et non Shakespeare, comme je croyais) qu’ »Hell hath no fury like a fan scorned » (cette phrase est d’ailleurs une citation inexacte, mais il est difficile de refaire le jeu de mot avec la vraie tournure).
Petit aparté : je découvre avec étonnement et ahurissement ces réactions exacerbées de fans en colère. D’un autre côté… c’est au moins un livre, plutôt qu’une équipe sportive, qui suscite menace de mort et hurlements de rage : peut-être peut-on considérer que c’est un mieux ?
Pour conclure, j’ai passé un bon moment à la lecture de cette série de livres. Sans plus, cependant : cela ne va pas me laisser un souvenir impérissable, et ce n’est sans doute pas des livres que j’offrirai. Mais c’est souvent intrigant, souvent drôle, et jamais ennuyeux : un bon plaisir de lecture.